
Championnat du Monde des courses aventures


Interview croisée
Pascal Bahuaud, directeur de course de Raid in France et du championnat du monde des courses aventure 2018
Craig Bycroft, directeur du circuit ARWS (Adventure Racing World Series)
– Craig Bycroft, l’ARWS en quelques mots : C’est quoi ? Pour qui ? Depuis quand le circuit existe-t-il et pourquoi l’avoir créé ?
L’ARWS est un circuit de courses autour du globe qui réunit les meilleurs athlètes d’aventure au monde.
– Pascal Bahuaud, Raid in France, c’est un peu une histoire de famille, pourquoi avoir choisi de créer cette formule raid aventure ?
C’est devenu une histoire de famille au fil des éditions, avec des bénévoles de plus en plus impliqués, un pool d’organisation d’une dizaine de personnes bien structuré tout au long de l’année et des coureurs qui, me semble-t-il, sont heureux de ce rendez-vous quasiment annuel. Mais au départ, nous ne savions pas si l’aventure allait prendre. Personnellement, je voulais redonner goût à la pratique des raids longs. A l’époque du Raid Gauloises, j’ai eu la chance de vivre en tant que coureurs des courses intenses, longues et engagées dans des pays magnifiques. Souvent, je me disais : « tiens, ce coin-là ressemble à l’Ardèche ; celui-ci on dirait les Alpes, etc, etc ». Nous avons résumé cela au travers de notre slogan « France is magic » avec, pour moi, l’ambition de faire découvrir nos territoires, diversifiés, uniques, propices à ce « back to nature » que je recherche en permanence dans mes tracés.
– Sur quels critères sont choisis les manches de coupe du monde et le championnat du monde ? Existe-t-il un cahier des charges ? Qui choisit ?
Pascal : Il y a en effet des règles d’intégration au sein du circuit et de sélection pour le championnat du monde annuel. L’un des enjeux est de faire en sorte que le circuit couvre la planète, ce qui implique de ne pas avoir deux manches au sein d’un même pays. Ensuite, toute intégration est votée par les directeurs de course lors d’une réunion annuelle en fin d’année. Pour le championnat du monde, si deux manches sont candidates, on procède également à un vote, sur la base d’un dossier de sélection.
– Le RIF est réputé pour ces traces pas faciles, mais toujours magnifiques. Pascal, avez-vous trouvé l’itinéraire idéal à La Réunion ? On peut supposer que ce championnat du monde ne dérogera pas à la règle ?Pascal : Je pense en effet avoir trouvé l’itinéraire que j’aurai aimé découvrir en tant que coureur, ce qui est un principe qui me guide. Maintenant, le dossier administratif est aux mains des instances décisionnaires et je croise les doigts pour qu’il ne soit pas trop dénaturé… Mais oui, en l’état, le tracé promet une très belle découverte de l’île dans toutes ses composantes, avec quelques passages made in RIF…
– C’est la seconde fois que le RIF est support du Championnat du monde, belle reconnaissance, mais surtout surcroît de travail ? Les sections, la durée, la difficulté sont des points abordés différemment que sur les autres éditions ou pas ?
Pascal : Chaque manche du circuit mondial a un peu son ADN, en lien avec les spécificités géographiques et topographiques de son pays. Raid in France a une réputation de technicité et d’engagement. Nous n’y dérogerons pas cette année. Mais nous ne cherchons pas pour autant à faire une course plus difficile en raison de son statut de championnat du monde. Non, c’est une édition assez conforme, dans son esprit, aux précédentes… sauf qu’elle se tient à La Réunion, dans un pays à la fois tropical et montagneux. Une île très spéciale, très différente de ce que l’on trouve en métropole.
– Comment est choisi le lieu ? Et ensuite, vous imaginez un itinéraire idéal que vous validez sur le terrain ? Ou c’est le terrain qui crée le tracé ?
Pascal : Je vais là où j’ai envie d’aller en tant que coureur. Ensuite, je passe beaucoup de temps sur les cartes pour m’imprégner du terrain, des lieux, des possibilités… Je lis beaucoup aussi, puis je vais me promener. De tout cela, émerge un premier itinéraire, qui regroupe l’ensemble des points remarquables à mes yeux. Ensuite, je rencontre beaucoup de gens puis nous passons, avec les guides, quelques bénévoles et des acteurs locaux, de longues journées sur le terrain, en reconnaissance pour valider chaque section. Tout est reconnu, parfois plusieurs fois.

– Quels conseils donneriez-vous pour la préparation à un raid aventure ? Et plus spécialement un championnat du monde ?
Craig : Commencer la planification tôt ! Évidemment, l’entraînement est essentiel, mais il ne faut pas oublier tous les petits éléments logistiques. Si vous ne le comprenez pas bien, cela pourra avoir un gros impact sur votre course.
– Enfin, on a lu dernièrement que le prochain championnat du monde aurait lieu dans un pays ne l’ayant jamais reçu et avec les directeurs de course du circuit, on peut en savoir un peu plus ?Craig : Je pense que cela va être une destination vraiment passionnante pour les équipes et un endroit qu’elles adoreront explorer. Autant le terrain que la culture.
Nous espérons pouvoir l’annoncer à la fin de ce championnat du monde à l’île de La Réunion.